Ayant déja rendu visite à l'Ossau par la Fouquier avec
Rémi le 29 Sept et s'étant fourvoyés dans le départ,
ratant ainsi les belles dalles orangées, je m'étais promis
d'yrevenir...
Nous voici donc au refuge de Pombie, 15 jours aprés, le 14 Oct
au soir avec une équipe de choc prête à en découdre
avec l'Ossau: Sabine et moi, Nath et Greg dit "la Gregounasse".
Départ tranquille du refuge le matin avec le lever du soleil, une
belle journée s'annonce. La marche d'approche quoique relativement
courte est éprouvante sur la fin quand on quitte le paisible sentier
du col de Suzon pour attaquer la pente raide menant au départ de
la voie. On s'équipe à l'aplomb de la zone grise caractéristique
d'un éboulement récent avant de rejoindre le diedre de départ
par des vires et quelques pas d'escalade faciles. Des chutes de pierre
canalisées par le couloir grisatre qui longe la Fouquier sur la
droite nous incitent à presser le pas lors de cette traversée.
Rien de plus désagréable que de se sentir à la merci
d'un caillou qui aurait choisi votre casque comme piste d'atterissage.
Heureusement, ce passage exposé est trés court. Nous voici
tous les 4 au pied du diedre sur un relais exigu. Greg attaque en premier
et n'est pas trop inspiré par ce diedre lisse qui n'a pas l'air
d'offrir de possibilités d'assurage. Finalement, le bord gauche
du diedre, invisible depuis le bas, est en rocher fissuré et offre
une escalade assez aisée et de bons emplacements pour placer des
protections. Passé le diedre, les belles dalles orangées
monolythiques s'offrent à nous. Elles se remontent grâce
à un système de rampes inclinées pourvues de quelques
grattons. Les chaussons sont appréciables mais les protections
sont peu nombreuses, heureusement que quelques pitons bien placés
ont été plantés par quelques prédecesseurs.
Sur le haut des dalles, ne voyant plus de pitons salvateurs, Greg entreprend
un chantier BTP en plaçant avec moult peine un clou, participant
lui aussi à l'équipement de la voie ;-) Il s'appercevra
un mètre plus haut qu'un beau piton n'attendait que le clinquement
de son plus beau mousqueton! L'ascension se poursuit, les dalles orangées
sont maintenant derrière nous, une partie assez raide mais trés
prisue fait suite.
On enchaîne les longueurs et déja le soleil nous quitte
et plonge cette face SE dans l'ombre glacée d'une journée
automnale. Un petit vent se lève, rendant l'air un peu plus vif.
Nous voici maintenant au pied du mur orangée bien visible depuis
le bas, la neige fait son apparition dans les dépressions du rocher,
rendant l'ambiance résolument hivernale. Greg qui n'a pas de gants,
(c'est ça les Kosovards) commence à se les geler sévere
et le passage du mur orangé par son centre par une escalade assez
soutenue lui provoque quelques sueurs froides. Je prendrai dorénavent
la tête des 2 cordées, Greg grimpera en second sur ma corde
avec Sabine. Il est bientôt 16 heures, la perspective d'un picnic
au soleil au sommet est déja bien oubliée. Le vent redouble
et le froid forcit, le moral n'est pas au top; plus vite on sortira de
ce merdier, mieux ça sera. On poursuit la grimpe à un rythme
maintenant plus lent à deux cordées en une, il reste encore
un bout avant le sommet. La neige dans les cheminées ne facilite
pas la progression et ce n'est que vers 18 heures qu'on rejoint enfin
le rein de Pombie sous un vent qui souffle désormais en tempête.
Cette journée d'Automne est bien avancée et déja
les ombres s'étirent à l'horizon, mais qu'importe, le moral
est au beau fixe, les difficultés sont maintenant derrière
nous et la descente jusqu'au refuge ne sera qu'une formalité.
L'état de la montagne nous fait vite déchanter: tout est
platré en versant Est, la neige et surtout le verglas recouvrent
le rocher. La vue de la première cheminée à la nuit
tombante sonne le glas: impossible de descendre sans crampons. C'est donc
parti pour une improbable série de rappels sur d'hypothétiques
becquets. 3 rappels pour la première cheminée, Greg prend
la tête des opérations; aussitôt descendu il est déja
à la recherche d'un becquet pour le prochain rappel. Il fait maintenant
nuit noire, la descente en rappel à 4 est interminable. Seules
2 frontales nous autorisent une vision à quelques mètres
et nous permettent tant bien que mal de trouver l'itineraire de la voie
normale, dans cette obscurité et cette neige qui font perdre tout
repère . Suit une longue série de rappels angoissants où
l'on remet notre existence au bon vouloir d'une sangle ceinturée
autour d'un rocher. Un bivouac improvisé dans de telles conditions
de froid et de vent serait bien malvenu, alors on continu, lentement,
en essayant de rester vigilent et en étant les plus prudents possible
pour éviter l'accident, on y croit tant bien que mal. Sept heures
auront été nécessaire du sommet pour atteindre le
refuge, exténués.
On s'en souviendra.
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